L’attaque de Carentan malgré quelques points de résistance fût promptement menée, et avec efficacité.
Le 501 PIR malgré quelques difficultés réussit à rejoindre la colline 30 usant de l’artillerie et de mortiers. Dans l’après-midi du 12 juin les objectifs de chaque régiment était atteint avec succès.
Carentan nettoyait et sécurisé, Baupte était le prochain objectif du 506 PIR, Sainteny pour le 501 PIR.
Points de repérage géographique-Carentan juin 1944
Le 12 juin à 2 heures du matin, les 1st et 2d Bataillons du 506th PIR partent à l'assaut. L'histoire officielle américaine indique qu'ils ne rencontrent aucune résistance sérieuse. Nous savons pourquoi: il n'y a plus de défenseurs allemands. L’Oberstleutnant Von der Heydte ordonna peu de temps auparavant l’abandon de la ville. ll témoigna:
« Au 11 juin, la situation des munitions est devenue si critique dans le régiment que son commandant demande par radio à l'armée parachutiste un ravitaillement par air. Toutes les cartouches pour fusil sont collectées afin d’être utilisées par les mitrailleuses, de telle sorte que les hommes ne peuvent plus se défendre qu'avec des armes à main.
Pendant la nuit du 11, Ie ravitaillement aérien est effectué par l'armée parachutiste d'une façon exemplaire.
Dans la matinée du 11, à Pommenauque, les Américains parviennent à s’enfoncer profondément dans notre ligne principale de résistance. Il n’est pas possible de les repousser, mais leur avancé est arrêtée et contenue par des détachements d'assaut.
Eu égard à l'extension continuelle de notre front et à nos lourdes pertes, la ligné principale de résistance du régiment est étirée à un tel point qu'il ne fait aucun doute au commandant du régiment que le 12 juin, les Américains réussiront d'autres pénétrations et pourront s'emparer de la ville. En conséquence, il se refuse à prendre la responsabilité de sacrifier le reste du régiment pour la bataille de Carentan et décide d'évacuer la ville en fin d'après-midi.
Contrairement à ce qu'il pouvait craindre, il parvient à évacuer Carentan en plein jour sans aucune interférence de la part de l'ennemi, qui semble se réorganiser au même moment. Le régiment, avec les éléments qui lui sont subordonnés, s'installe sur une nouvelle position défensive au sud-ouest de Carentan. La colline 30, au sud-ouest de la ville, constitue le point d'ancrage de la nouvelle position.
Le commandant du régiment a prévenu le 84.AK de sa décision d'abandonner Carentan et le corps d'armée a approuvé cette décision. Le commandant du régiment a donc été fort surpris, durant l'après-midi du 11 juin, juste après l’évacuation des positions par le gros du régiment, de voir arriver le commandant de la 17.SS-Panzergrénadier Division pour l'informer que sa division arrivait dans le secteur pendant la nuit afin de prendre la relève pour défendre Carentan. Si le commandant du FS Régiment 6 avait su que la division allait monter en ligne le soir même, il n'aurait jamais pris la décision d'abandonner Carentan. »
Voici donc la version de Von der Heydte: faute de munitions et en raison des lourdes pertes subies, il abandonné Carentan pour éviter que son régiment y soit détruit, d'autant qu'il n’a pas été prévenu de l'arrivée de la division SS Gôtz von Berlichingen.
Cependant, cette version est totalement contredite par le général Pemsel, le chef d'état-major de la 7. Armée. Celui-ci écrit sans aucune ambiguïté:
« L’abandon prématuré de Carentan dans l'après-midi du 11 juin, que le commandant du FS Régiment 6 a décidé de sa propre initiative, est une mesure incompréhensible et très mal venue, d'autant qu'il avait été prévenu de l'arrivée de la 17. SS-Panzergrenadier Division à Carentan avant d'avoir pris sa décision et non après, contrairement à ce qu'il a écrit. Les archivés de la 7. Armée sont claires: le 84.AK a été prévenu dès le 10 juin à 13 heures, puis à nouveau le 11 juin à 11 h45, que la 17. SS-Panzergrenadier Division allait intervenir à Carentan. En outre, le chef d'état-major du 84.AK déclare avoir prévenu personnellement le chef du FS Régiment 6 de l'arrivée de la 17. SS-Panzergrenadier Division dès le 10 juin.
Jamais l’armée ni le corps d'armée n'ont donné leur accord pour cette décision unilatérale. En raison des batailles sévères et même désastreuses qu’il venait de mener, le commandant du FS FS Regiment 6 a subi une dépression physique et morale grave qui explique son ordre insensé . C'est uniquement parce qu'il avait rendu de grands services auparavant et parce qu’il a pu se ressaisir rapidement que le commandant du FS Régiment 6 n'a pas été puni et relevé de son commandement. »
On le voit, la responsabilité de Von der Heydte est clairement établie par la hiérarchie militaire. Cet abandon de Carentan aura en effet de lourdes conséquences.
Ce qui n’est pas évoqué par Von der Heydte dans ces rapports, c’est que le 1/506 th submerge une ligne d'avant-postes allemands et s'empare de la colline 30, point de jonction de la « tenaille » mise en place par la 101st, point considérée par le chef du FS Régiment 6 comme essentiel de la nouvelle ligne défensive.
Une fois la colline 30 sécurisée, le 2/506th s'installa à la droite du 1/506th avant de s’engager à l’aube vers Carentan.
Le colonel Sink, commandant du 506th PIR, s'avance dans la nuit du 11 au 12 juin avec son état-major, à la suite des deux bataillons. Dans l'obscurité, il se perd et s'installe finalement au sud de la colline 30, c'est-à-dire nettement en avant de ses troupes, en pleine ligne allemande.
A 5 heures, le colonel Sink ordonne au 2/506th de marcher sur Carentan pour faire sa jonction avec les troupes aérotransportées du 1/401st GIR. Lorsque le jour se lève, les Allemands se rendent compte qu'un groupe d'Américains a pris place dans leurs lignes et commencent à tirer furieusement dessus. Le 1/506th s'élance alors de la colline 30 pour délivrer le colonel Sink, mais la chose est peu aisée et la bataille fait rage pendant plusieurs heures avant que Sink puisse être rejoint et exfiltré de sa position.
Pendant ce temps, le 2/506th est parti pour Carentan, soumis à un violent tir de mitrailleuses venu du sud.
Pendant la nuit, l’artillerie américaine s’était déchaînée contre la ville qui prenait feu. Il s'agit de tirs de canons de campagne, de mortiers lourds, de tank destroyers et même de pièces de la flotte qui tire depuis la mer. Une partie du centre-ville sera totalement détruite. Quant au bombardement, il ne sert à rien, car les Allemands ne sont plus là.
La prise en tenaille de Carentan des unités US et la progression du 12 juin 1944
La prise de la ville proprement dite sera confiée au 327th GIR. Ses deux premiers bataillons se contenteront de tenir le canal, du côté de la route d. et l'attaque sera lancée depuis le nord-est par le 1/401st GIR et la compagnie G/327th GIR.
C’est donc à l’opposé du 2/506th, au nord-est, dans le secteur du bassin à flot, que le 1/401st GIR, attaque à 6 heures le secteur du bassin à flot. Ne rencontrant pas de résistance, il a atteint le centre-ville rapidement et la jonction avec le 2/506th s'est faite à 7h30, après un dernier échange de coups de feu avec des retardataires allemands, près de la gare.
Café Désiré INGOUF - photo prise dans la rue Holgate; en arrière plan passage à niveau du chemin de fer
Dans le même temps, l'aile gauche de la tenaille américaine s’est mise en route. A l’aube le 501st PIR a franchi le canal et a poursuivi son avance vers la colline 30, en venant du nord-est, pour faire sa jonction avec le 1/ 506th PIR, vers 8 heures.
La double manœuvre en tenailles s’est ainsi refermée au sud de Carentan, mais elle n’a permis d’attraper personne, à part quelques traînards, car les paras allemands se sont retirés dès la veille. Mais l'essentiel, pour les Américains, est de tenir Carentan et d’avoir ainsi relié les deux têtes de pont d’Utah et d’OMAHA.
Après son repli en bon ordre dans la journée du 11 juin, Von der Heydte se croyait à l’abri d'une nouvelle attaque américaine avant le 13. Or, comme nous venons de le voir, les Américains ont attaqué dès le 12, fonçant vers la cote 30 qui n'avait pas encore été mise en état de défense. En fait, Von der Heydte avait retiré ses paras en arrière de cette position pour les réorganiser et, pour ce faire, il avait placé des Osttruppen en première ligne. C’est ce bataillon de l’Est qui est attaqué par la 101 st Airborne et qui se défend mollement, au point que les Américains s’en emparent.
Comprenant le danger, Von der Heydte lance aussitôt une contre-attaque avec les seuls moyens disponibles, c'est-à-dire un peloton du génie, qu’il mène lui-même à l’attaque sans succès. On suppose que c'est ce Kampfgruppe qui s’oppose aux Américains venus délivrer le colonel Sink de la position dangereuse où il se trouvait.
La 17. SS-Panzergrenadier Division, arrivée sur la zone dans le même temps, prend position et se prépare à lancer sa contre-offensive pour reprendre Carentan, avec les éléments suivants:
- un régiment de Panzergrenadier,
- un bataillon de Sturmgeschütz,
- et le soutien de la plus grande partie de l’artillerie divisionnaire.
Après avoir fait le point avec Von der Heydte, le commandant de la division SS est sûr de son succès, puisqu’il demande à ce dernier:
« Après la reprise de Carentan, vous préférez que nous continuions en direction d’Isigny ou que nous obliquions vers la gauche, vers Sainte-Mère-Eglise? »
Durant la fin de la journée du 12 juin, les Américains augmentent leur emprise au sud-est de la ville, vers Isigny, en capturant le village de Montmartin-en-Graignes.
Le secteur le plus important est toujours le sud-ouest de Carentan, principalement sur la route de Périers, c’est à dire au-delà de la colline 30, là où les Allemands vont attaquer.
Le chef de la 17. SS-Panzergrenadier Division compte sur l'effet de surprise: il se refuse à toute préparation d’artillerie et pousse le secret jusqu'à ne lancer aucune reconnaissance, de telle sorte que les positions et les effectifs américains ne sont pas connus.
L’assaut débute à 7 heures du matin, au moment même où le 506th Parachute lnfantry lance une attaque lui aussi.
Commence alors la bataille de « BLOODY GULCH »/ »BLOODY GULLY »
(source MILITARIA - hors série- merci Alain)